Publié le 16 Janvier 2025
Une étude du Conseil d’analyse économique a comparé les prévisions de consommation d’énergie des Diagnostics de performance énergétique (DPE) à la consommation réelle des mêmes logements. Les résultats sont étonnants car ils sont six fois moins importants qu’attendus!
En même temps, de plus en plus d’associations de propriétaires remettent en cause la fiabilité des diagnostics DPE car les logements dits passoires thermiques c'est à dire classés « G » sont interdits à la location depuis le 1er janvier 2025.
Quelles sont les sources de ces écarts et le DPE est-il responsable d'une erreur préjudiciable?
Le Centre International de Recherche sur l'Environnement et le Développement (Cired) nous apporte son expertise sur le sujet:
L'écart entre les consommations d'énergies des logements classés "A" ou "B" et ceux classés "G" est en théorie de 560%! Or la même comparaison avec les factures réelles révèle un écart de 86%!
Il s'avère que les ménages des logements en "A" ou "B" ont tendances à consommer un peu plus que la consommation théorique car il est plus facile et moins cher notamment de se chauffer à plus de 19°C. A l'inverse les ménages à bas revenus occupent majoritairement les logements "G" dits "passoires thermiques" et vont avoir du mal à se chauffer car cela va leur couter très très cher. En conséquence ils vont se chauffer relativement peu et donc beaucoup moins consommer d'énergie que ce que prédit le calcul théorique du DPE. C'est ce que révèle l'étude du Conseil d'analyse économique. Ce phénomène se désigne par le terme d' "adaptation comportementale" (et par extension effet rebond...).
En conclusion les résultats du DPE ne sont pas remis en cause par cette étude car c'est simplement un diagnostic de l'état du logement. Les biais constatés proviennent plutôt des divergences des comportements réellement constatés des occupants des logements et sont exarcerbés par les différences de revenus des ménages. A cela s'ajoute l'imprécision du DPE (1 DPE sur 6 en moyenne comporte des erreurs ou serait manipulé) et aussi des problèmes de qualité lorsque les rénovations sont faites...
La volonté politique en faveur de l'environnement rend obligatoire de rénover les passoires thermiques car c'est une mesure qui a beaucoup d'avantages. Cela réduit notamment les émissions de CO2 (en rénovant 55% des logements cela nous permettra d'atteindre la neutralité carbone), cela est bénéfique du point de vue économique en offrant des emplois dans le secteur du bâtiment, et surtout cela permet d'améliorer la santé des occupants en évitant beaucoup de maladies (jusqu'à 1000 décès/an évités après l'interdiction des logements G+). Des études économiques estiment à 7500€ les économies réalisées sur le coût de la santé à la société par logement "G" rénové en totalité. Ce dernier point pèse beaucoup dans la balance de la valeur sociale en plus de la contribution aux réductions d'émissions de C02.